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Garoo


8 déc. 2002

Note : l’âge du capitaine, la taille de mon sexe et la réponse à la grande énigme de l’univers sont disséminés dans ce texte. Je dis ça parce que, à votre place, je ne le lirais pas, tellement il est long. D’ailleurs, moi-même, je ne l’ai pas relu, c’est dire.

Il y a des soirées qui se passent bien mais vous laissent déprimé. Et, le lendemain, il y a des soirées qui se passent bien mais vous remontent le moral. J’ai beau m’être laissé le temps de chercher comment l’écrire, je n’arrive toujours pas à mettre les choses en ordre. Alors je vais séparer en plusieurs thèmes et faire un post multipost (à l’origine, je pensais séparer en plusieurs posts, mais ça serait encore pire, au niveau de la chronologie, on ne s’y retrouverait plus).

Les faits, d’abord. Hier soir, je suis donc allé au Festival des films gays et lesbiens de Paris, invité par XIII, pour voir la projection de courts-métrages (à thématique… gay et lesbienne, vous avez deviné, ou sinon faudrait penser à suivre un minimum quand vous lisez). Moi, dans un festival ? Pour voir des courts, en plus ? Non, je vous rassure, j’avais une motivation précise : voir Paradisco, que la Nuit gay de Canal+ avait lamentablement mutilé. Parce que je connais vaguement le réalisateur, parce que je connais vaguement plusieurs des chanteurs, mais aussi, surtout, avant tout et en fait uniquement, parce que l’extrait montré sur Canal était excellent.

Au final, pas de déception : c’est simple, il n’y a aucun défaut. Les acteurs, les chanteurs, la musique, la photographie, l’humour, absolument tout est parfait. A tel point que ça m’énerve. Ok, lui, il a fait des études de cinéma, alors c’est normal qu’il fasse quelque chose de bien, mais, quand même, pourquoi est-ce qu’il a fait ce film à son âge et moi rien à mon âge (qui doit être sensiblement identique au sien) ? Hein ? C’est pas juste. Ou peut-être qu’au contraire c’est juste, mais ça craint quand même, de mon point de vue à moi personnel.

Tout ça pour dire que je vais même aller jusqu’à vous conseiller d’acheter le DVD, quand il sortira (enfin, sauf s’ils le vendent 50 €, parce que le court lui-même ne dure que 17 minutes, quand même). Voire à me l’offrir. Ceci dit, vu que je leur fais de la pub, ils pourraient même me l’offrir eux-mêmes, non ? Enfin, c’est pour dire que je ne suis pas rancunier : je vous incite à acheter le DVD d’un réalisateur qui, il y a deux ans, quand il a utilisé mes photos pour illustrer une interview, m’a crédité en tant que Garou. Moi. Alors qu’il me connaissait. Les stars, tous les mêmes, ils ne respectent personne. (Non, très sérieusement, je trouve ça sacrément irrespectueux de citer quelqu’un en orthographiant mal son pseudo, et de refuser de corriger, sous prétexte que c’est compliqué de modifier un article après sa publication. Euh… Hello, on est sur le web, c’est un fichier à changer !)

Pour le reste du programme, il y avait du bon et du mauvais… C’est simple, les deux meilleurs, Paradisco, donc, et Boychick, passent sur Canal+ ce mois-ci, preuve qu’ils sont capables de faire de bons choix, quand il ne s’agit pas de la réalisation d’une nuit gay. Sinon, un film pas mal fichu et assez émouvant sur un pédé séropositif de campagne, dont les parents réalisent qu’ils sont au courant ; un… euh, clip de danse moderne qui était, euh, moderne ; et du porno à base de lait concentré sucré, mais je ne peux pas vous raconter, j’ai préféré regarder mes mains plutôt que vomir. Le mélange du sexe et de la nourriture, je peux pas, j’ai jamais pu, je pourrai jamais. Là, en plus, il y avait la symbolique à tendance bukkake, merci bien, eurg, rien que d’y repenser, beuark.

Et sinon, dans tout ça, plein de nouveaux acteurs mignons à surveiller.

Bon programme, donc. Je pensais m’ennuyer fortement, et finalement j’ai plutôt apprécié. Côté salle, c’était bien aussi. Même si je n’ai pas dévisagé toute la salle, parce que, euh, je suis timide, voilà, on va dire, enfin c’est vrai en fait, bref, même si ça, j’ai quand même croisé trois garçons que je connaissais du Mag, et qui… m’ont reconnu. Non, sans blague, je suis un peu bête (vos gueules, j’ai dit), mais ça m’étonne toujours. Le Mag, c’était il y a cinq ans. J’y suis allé pendant une huitaine de mois, et depuis je n’ai revu pratiquement personne. Et là, cinq ans plus tard, on se souvient de moi. Et ça m’étonne. C’est pathétique — que ça m’étonne.

Je pourrais vous sortir une excuse bidon (enfin, elle n’est pas totalement bidon, mais disons que c’est 10% de la cause de mon sentiment) : moi, sur ces cinq années, j’en ai passé trois à ne rien faire et ne rencontrer personne (et, bizarrement, à chaque fois que je pense cette phrase, j’ai envie de me tirer une balle dans la tête ou, au moins, me planter un couteau dans la main pour me punir). Je me dis donc que c’est normal que je me souvienne d’eux, mais qu’entre-temps eux ont eu à mémoriser beaucoup de nouveaux visages, et qu’ils auraient pu m’oublier pour faire de la place. Parce que je ne sais pas comment ça fonctionne, le cerveau de quelqu’un qui a une vie sociale active, je ne peux qu’imaginer.

Mais la principale raison, ce n’est pas ça. C’est que je me suis toujours senti invisible. Quand on me voit, et encore plus quand on se souvient m’avoir vu, je n’en reviens pas, à chaque fois. Alors quoi, à l’époque où j’allais au Mag, je n’étais pas transparent ? Les gens qui me parlaient ne le faisaient pas par pure politesse, ils s’intéressaient suffisamment à moi pour s’en souvenir cinq ans plus tard ? C’est possible ? (Je vous avais prévenu, je suis très con, des fois. Pourquoi vous croyez que j’écris ce blog ? Aimez-moiiiiii ! Ahem. Passons.)

En écrivant ça, je crois que je commence à comprendre pourquoi, au lieu de me filer la pêche, cette soirée m’a foutu le bourdon. Je n’aime pas qu’on me rappelle mes occasions ratées. (Et oui, je sais, avec le temps qui passe, on va en avoir de plus en plus à me rappeler.) En 1997, si j’avais eu confiance en moi, si j’avais utilisé du Biactol, et si j’avais acheté deux ou trois vêtements mettables à C&A, j’aurais pu briller en société, avoir plein d’amis, faire plein de rencontres intéressantes, et me marier quinze fois sur la période 1997-2002. Au lieu de ça, rien. Je n’ai rien accompli, et j’atteins dans deux mois un âge auquel il va falloir que je mente pour qu’on m’adresse la parole sur Internet. D’ailleurs, ce qui m’a déprimé, ce n’est peut-être pas tant les occasions perdues dans le passé, mais celles que je rate chaque jour, aujourd’hui, hier, demain et la semaine prochaine.

Je n’ai pas vraiment peur de vieillir. Mais qu’est-ce que j’aimerais que le temps passe moins vite.

Passons à aujourd’hui. Invité cette fois par Antoine (je ne sais pas trop quel lien mettre, alors on va mettre celui de ses commentaires) à prendre un verre et dîner. A ses frais, donc je ne pouvais pas refuser. Non, c’est faux, je refuse toujours, je crois que j’ai refusé deux invitations à dîner dans la semaine. Mais c’est comme ça, la vie est injuste, et puis faut pas vous plaindre, je ne suis pas un cadeau. Et là, la révélation : je serais drôlement beau dans une robe en lamé rouge. Mmmh… non, je dois confondre, je ne suis pas en train d’écrire le blog de Barbie, là. (Paraît que Barbie a un blog officiel, écrit par un blogueur professionnel, mais je n’ai pas noté l’adresse, désolé.) La révélation : qu’est-ce que c’est bien, de passer une soirée entre copains. Entre copains intelligents et intéressants, de préférence (et avec même un gens connu, enfin, un gens que vous connaissez pas son nom mais que si je vous disais qui c’était vous diriez woah non vraiment ?). Et le corollaire : ce n’est clairement pas sur les chats gays que je vais trouver un mari. Et là, j’ai la pêche. Parce que j’avais vraiment oublié comment c’était, de passer la soirée en groupe, discuter autour d’un verre, sans minauderies ni putasseries (ni même dragueries). Et j’avais oublié à quel point c’était moi. Même si je ne parle pas beaucoup, surtout quand je ne connais pas bien tout le monde, ça reste la définition d’une bonne soirée. Oui, j’avais oublié, c’est ridicule, et alors ? Je suis un autiste, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ?

Bon, alors… les sorties en groupe d’IRC, c’est mort. Les soirées entre collègues, euh, dans une autre vie où j’aurai des collègues. Il reste quoi ? Chez qui je vais squatter tous les soirs pour avoir l’impression de vivre ?

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