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Garoo


12 jan. 2003

Unbreakable / Incassable

Je sais quel est le grand talent de Shyamalan : c’est d’écrire les synopsis. Il devrait s’arrêter là. Au moment de développer, ça se complique : les dialogues ne sont pas bêtes (avec des répliques comme They say this one has a surprise ending) mais ils sont rares. Autour, il y a un tout petit peu d’action (mais alors, vraiment, le strict minimum pour faire avancer le script) et beaucoup, beaucoup, énormément de vide. Et, pour ce qui est de la réalisation, elle est très jolie mais un peu trop figée, essayant d’imposer une ambiance qui ne colle pas tant que ça à l’histoire.

Ici, l’idée est excellente : un homme sort indemne et seul survivant d’une catastrophe monumentale ; est-il, ou non, un super-héros ? Les comics seraient-ils en fait inspirés, à la façon de la Bible, par des personnages réels passés au prisme de la licence artistique ? Tout ça est très bien trouvé et peut donner lieu à des développements intéressants ; quant à la révélation finale, bien qu’après coup elle paraisse évidente de la même façon que celle de Sixième sens (voire encore plus), elle est excellente (et pourtant tellement logique).

Le problème, c’est qu’on se perd en route. Comme écrirait un critique de cinéma qui aime employer des expressions imagées pour rompre la routine de son métier et avoir l’impression de faire de l’art, Shyamalan aime les chemins de traverse. Il y a des fois où c’est une qualité, quand on a le talent qu’il faut pour observer les temps morts de l’histoire. Et ce n’est pas son cas.

Je m’ennuie, je veux qu’on avance, je ne comprends pas ce qu’on fait arrêtés là à attendre. Franchement, si vous en étiez à vous demander si vous ne seriez pas par hasard un super-héros invincible, est-ce que vous ne commenceriez pas tout simplement par essayer de vous planter un couteau dans le bras ? Enfin, je ne sais pas, je commencerais par un doigt, puis le bras, puis un grand coup de hachoir dans le ventre. Ca me paraît logique. Plus logique que de lever 160 kg à bout de bras. Bien sûr, ça ruinerait le suspense d’avoir la réponse si vite, mais le fait d’ignorer complètement cette possibilité rend le film bancal. Oui, j’aime qu’il y ait un semblant de crédibilité — de cohérence, plutôt — dans les films de super-héros. So sue me. Au moins, dans un épisode de X-Files, on aurait (avait ? l’intrigue me rappelle furieusement un épisode existant de la série) eu la réponse en quarante-cinq minutes, pas deux heures. Le réalisateur n’aurait pas eu le loisir d’installer toute la tension comme Shyamalan aime le faire, mais ça aurait justement sauvé le film, parce que j’ai le net sentiment que ce n’est pas ce pour quoi il est le plus doué.

Il y a le choix des acteurs, aussi. Côté questionnement intérieur, Bruce Willis est, euh… enfin… limite, quoi. Plutôt en-dessous de la limite. Enfin, il ne joue pas spécialement faux non plus (vu qu’il joue peu, ce serait le comble), mais on ne peut qu’essayer d’imaginer ce que ça aurait donné avec quelqu’un d’un poil plus expressif. Robin Wright Penn est très bien, le gamin est excellent (bon, Shyamalan est doué pour deux choses : les synopsis et le casting d’enfants), mais je trouve que l’homme de verre d’Amélie Poulain avait mille fois plus de charisme que celui-ci. Il faut dire que je n’ai jamais aimé Samuel L. Jackson, ça n’aide pas. Mais, objectivement, je le trouve… disons, assez peu aimable. Alors que je ne suis pas sûr que ce soit le but recherché.

C’est drôle qu’Unbreakable soit diffusé le même mois que le début de Smallville. Ils ne sont pas mieux l’un que l’autre, mais pour des raisons différentes. Souvent, quand je vois des histoires que j’estime mal exploitées, j’aime envisager l’idée de réécrire le scénario pour en faire quelque chose de mieux et devenir riche et célèbre. Là, c’est un peu compliqué, je pense : l’histoire est un peu trop originale, je ne pourrais pas en sortir une autre version sans que le plagiat se voie. C’est dommage, pour mon tout premier roman, j’aurais bien aimé raconter la jeunesse d’un X-Men. Non, pas juste pour le plaisir de chercher un acteur capable de représenter l’adolescence de James Marsden, au moment de faire une adaptation pour le cinéma. Ben ouais, parce que mon premier roman sera adapté au cinéma. Ca me paraît évident. Pas à vous ?

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