Garoo

C’est difficile de parler d’un film génial… alors je vais me contenter de ce qu’apporte l’édition spéciale. Jean-Pierre Jeunet l’annonce en prologue, dans un anglais atroce (je vais souffrir le jour où je regarderai le film avec le commentaire du réalisateur), il ne s’agit pas d’un director’s cut, parce que la version sortie en salles en était un, mais simplement de l’occasion de montrer quelques scènes qui ont été coupées au montage.

Le générique alternatif de début est… totalement Jeunet, à la fois drôle et un peu crade, faisant comme une transition avec La cité des enfants perdus ou Delicatessen. Donc, assez inadaptée à Alien. Par la suite, on nous a coupé un plan de Ripley se réveillant après l’extraction de l’alien (qui n’apporte pas grand chose, mais n’enlève rien non plus… ou peut-être le suspense de savoir dans quel état elle va se réveiller, ce qui ne colle plus avec le lent, long réveil dans une chrysalide synthétique) ; toutes les références à Newt (probablement coupées car trop sentimentalisantes, montrant une Ripley trop émotive, à moins que ce soit parce que Newt et Aliens n’ont jamais existé — dommage qu’on perde par la même occasion une jolie réplique dans la chapelle) ; la séquence de fin finale. Je le dis, ou je le dis pas ? Ah, oui, je peux le dire, puisque de toute façon je vais avoir mis des images au-dessus (à l’occasion, il faudra que je reprogramme le blog pour avoir plus de flexibilité dans les pages du picturelog). Ils atterrissent sur Terr… ils atterrissent, donc ! Mais je vois de nombreuses bonnes raisons à ce que cette partie ait été coupée : c’est une fin trop fermée (tous les Alien se sont plutôt terminés sur le départ, pas une arrivée, que ce soit dans des cryotubes ou l’équipe militaire qui quitte Fiorina), ça limite trop les possibilités pour un éventuel volume 5, ou c’est ridicule et couillon d’avoir mis la Tour Eiffel dans le plan — en fait, la scène finale coupée renvoie parfaitement au générique coupé, avec ce clin d’oeil au spectateur qui ne convient pas vraiment à l’humeur du film.

A part ça… je veux bien que tout l’équipage ait appris à nager dans un vaisseau-piscine quand ils étaient petits, mais par contre c’est quand même difficile d’avaler que Ripley, avec tous ses nouveaux pouvoirs, ne se rende pas compte une seule seconde que Call est un bot. Ca ne marche pas. C’est drôle comme je suis prêt à pardonner des erreurs de scénario quand un film est par ailleurs réussi.

Déçu, en revanche, par les bonus : je pensais que Whedon bouderait ou dirait ce qu’il n’aime pas sur le film, mais non. Non seulement il est là, mais en plus il ne dit rien de négatif, soit que l’interview date de la production du film (probable), soit que la sortie du film est trop récente et qu’il est encore dans la langue de bois (peu probable, j’espère). Ce qui est frappant, c’est que ce qu’il dit sur le retour à la vie de Ripley s’applique mot pour mot à la saison 6 de Buffy. Il recycle son inspiration, ou il a décidé de mettre dans Buffy ce que le méchant français Jeunet a enlevé de son Alien ? Si c’est la seconde option, il n’aurait peut-être pas dû laisser l’écriture à Marti Noxon, parce qu’on ne peut pas dire que ce soit mieux (là, vous devriez savoir de vous-même que je viens d’écrire un énorme euphémisme).

Epaté que tous les plans de vaisseaux spatiaux soient, encore en 1996, des modèles réduits et non des images de synthèse (alors qu’on sait, c’est évident, qu’il y a enfin dans ce volet des aliens en 3D). Du coup, le résultat, absolument parfait, est d’autant plus impressionnant.